QUOI ENCORE ?... QUOI DE NEUF ?...
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tu as dis chaos ?
 

Une définition qu'on aurait tendance à donner au terme "chaos" en mathématiques est la suivante : comportement stochastique se produisant dans un système déterministe.

Nous devons alors cerner davantage la signification des termes "stochastique" et "déterministe" car cette définition est paradoxale.


Un processus déterministe est gouverné par des lois exactes et immuables; connaissant ses conditions initiales à un instant donné quelconque, on peut retracer son passé et prédire son futur.

Un processus stochastique est dominé par la loi du hasard et est irrégulier.

Le chaos est donc un processus ou un comportement sans loi entièrement gouverné par une loi !!

Par ailleurs, on n'a nullement besoin de chercher la complexité pour aller à la rencontre du chaos. Un système simple suffit pour qualifier son comportement de chaotique.

L'incertitude n'est pas liée à la complexité.

Souvent elle peut être générée par des mécanismes très simples.

Enfin, le chaos se caractérise également par sa sensibilité aux conditions initiales : il suffit de petits écarts initiaux pour qu'il les amplifie dans son comportement.

Un système chaotique ne relève pas obligatoirement de la complexité ; il peut être simple. Il amplifie les petits écarts initiaux et seulement elles.
On dit qu'il est sensible aux conditions initiales.


Quant aux grandes déviations, elles engendreront de grandes déviations.

Ces assertions étant énoncées, nous allons dans cette page étudier un modèle mathématique simple de système chaotique.

1 - Les préalables - application logistique et itération - étirement et compression - pliage

Soit un segment [AB] unitaire . Nous allons supposer A son origine . Tout point m de ce segment est parfaitement déterminé par son abscisse x .

Soit une application f définie par :

Pour k constante réelle comprise entre 0 et 4 et préalablement fixée , itérer l'application f signifie que pour le temps t tel que t prenant ses valeurs dans {0 ; 1 ; 2 ; 3 ; ... } :

Ainsi nous obtenons la suite x0 ; kx0 (1 - x0 ) = x1 ; kx1 (1 - x1 ) = x2 ; kx2 (1 - x2 ) = x3 ; kx3 (1 - x3 ) = x4 ; ... ; kxt (1 - xt ) = xt+1 , etc.

f sera appelée application logistique
Le système { [AB] unitaire ; [0;4] ; f ; itérations de f avec des résultats à 5 chiffres après la virgule } est dit système dynamique discret car le temps t évolue par étapes saccadées d'un entier naturel à l'autre qui le suit immédiatement .

Par ailleurs et pour la suite , nous utiliserons le logiciel Maple V / Release 4 pour pouvoir effectuer les itérations avec 5 chiffres après la virgule . Mais aussi il faudra savoir que le choix du nombre de chiffres après la virgule est arbitraire et que nous aurions pu choisir 10 ou 50 . 

Enfin les résultats dépendent également de l'ordinateur utilisé pour les calculs . Par exemple , dans ce qui suit , celui utilisé est un Compaq Presario / Penthium III, muni de Windows 98 SE.

Nous allons appliquer f à notre segment [AB] , en prenant pour k la valeur 3 , puis ensuite la valeur 0,1 .

Pour k = 3 , tous les points de [AB] compris entre 0 et 0,5 s'appliquent par f sur les points compris entre 0 et 0,75.
Tous les points de [AB] compris entre 0,5 et 1 s'appliquent sur les points 0,75 et 0 .
Ainsi f a étiré le segment [AB] pour qu'il recouvre deux fois le segment [0 ; 0,75] . 
Nous dirons que f , en agissant sur [AB] , procède par étirement  
et pliage .

Pour k petit , pour fixer les idées prenons k = 0,1 , tous les points de [AB] compris entre 0 et 0,5 s'appliquent par f sur les points compris entre 0 et 0,025 . Tous les points de [AB] compris entre 0,5 et 1 s'appliquent sur les points 0,025 et 0 .
Ainsi f a comprimé le segment [AB] pour qu'il recouvre deux fois  
le segment [0 ; 0,025] . 
Nous dirons que f , en agissant sur [AB] , procède par compression et pliage .

Qu'il s'agisse d'étirement ou de compression , pour une valeur de k donnée  , l'application logistique f plie le segment [AB] pour le déposer par dessus le segment [0 ; k/4] .

 

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2 - Attracteurs d'un système dynamique - bifurcations et cascade de doublements de période.

Nous allons maintenant étudier le comportement à long terme de notre système dynamique défini auparavant , ceci en itérant plusieurs fois f , avec diverses valeurs de k comprises entre 0 et 4 .

Imaginons k un curseur de notre système et l'équation définie par f , 
la loi qui régit ce dernier . 

Examinons le cas : k appartient à l'intervalle [0 ; 3[ .
Par exemple k = 2 . 
Itérons f en prenant pour valeur initiale x0 de x égale à 0,6 .
Nous obtenons la séquence suivante : x0 = 0,6 ; 
2x0 (1 - x0 ) = x1 = 0,48000 ; 
2x1 (1 - x1 ) = x2 = 0,49920 ; 
2x2 (1 - x2 ) = x3 = 0,50000 ; 
2x3 (1 - x3 ) = x4 = 0,50000 ; 
2x4 (1 - x4 ) = x5 = 0,50000 ; 
2x5 (1 - x5 ) = x6 = 0,50000 ; 
2x6 (1 - x6 ) = x7 = 0,5 ; 2x7 (1 - x7 ) = x8 = 0,5 ; ...
A partir de x3 l'itération de f montre que toutes les valeurs xt avec t largement supérieur à 3 sont toutes égales à 0,5 .

Prenons une autre valeur initiale , par exemple x0 = 0,45 .
Nous obtenons la séquence suivante : x0 = 0,45 ; 
2x0 (1 - x0 ) = x1 = 0,49500 ; 
2x1 (1 - x1 ) = x2 = 0,49995 ; 
2x2 (1 - x2 ) = x3 = 0,50000 ; 
2x3 (1 - x3 ) = x4 = 0,50000 ; 
2x4 (1 - x4 ) = x5 = 0,50000 ; 
2x5 (1 - x5 ) = x6 = 0,5 ; 2x6 (1 - x6 ) = x7 = 0,5 ; 
2x7 (1 - x7 ) = x8 = 0,5 ; ...
L'itération de f montre que toutes les valeurs xt avec t largement supérieur à 3 sont toutes égales à 0,5 .

Quelle que soit la valeur initiale x0 , le système évolue de manière à se stabiliser définitivement au point 0,5

Nous pouvons vérifier cette stabilité en remarquant que pour x = 0,5 , 2x(1-x) = 0,5 , ou par le calcul ou encore par le procédé géométrique suivant : dans un repère orthonormé quelconque , traçons la courbe représentative P de f(x) = y = 2x(1-x) , puis la première bissectrice D .

Itérons à partir d'une valeur initiale x0
A partir de x0 nous traçons la verticale qui vient couper la parabole 
au point  m1 d'ordonnée x1 .
Puis de ce point, traçons l'horizontale qui vient couper D en un point m'1 dont l'abscisse , égale à l'ordonnée , vaut x1
A partir de x1 nous traçons la verticale qui vient couper la parabole P au point  m2 d'ordonnée x2 , puis de ce point, traçons l'horizontale qui vient couper D en un point m'2 dont l'abscisse est x2 ; et ainsi de suite .

Pour k = 2 , une sorte de toile d'araignée erre au-dessus de D puis tourne en spirale vers l'intérieur en se dirigeant vers le point où la parabole P rencontre D . 
Ce point est fixe et la stabilité découle du fait que la toile d'araignée tourne en spirale vers l'intérieur .

Si nous reproduisons l'expérience pour toute valeur de k 
appartenant à [0 ; 3[
, nous constaterons que cette toile tourne 
en spirale vers l'intérieur jusqu'à ce qu'elle vienne se stabiliser définitivement au point d'intersection fixe de la parabole et de D . 
A partir de ce moment le système reste en ce point et plus rien 
ne se produit

Nous dirons que ce point fixe est stable et que l'intervalle [0 ; 3[ 
est un régime stationnaire

Le point fixe et stable s'appellera attracteur du système .

 

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Examinons ensuite le cas : k appartient à l'intervalle [3 ; 4[ .

Pour k = 3 , la convergence vers le point fixe se fait d'une manière extrêmement lente .
Lorsque k est strictement supérieur à  3 , ce point devient instable  
et la toile d'araignée tourne en spirale vers l'extérieur .

Ainsi chaque fois que nous nous trouvons avec un système dynamique dont une solution devient instable à partir d'une certaine valeur de son paramètre , nous nous poserons la question : 
où va-t-il maintenant se diriger ?
Il ne restera pas instable : il ira faire autre chose et c'est la théorie 
de la bifurcation
qui nous permettra de découvrir ses états au-delà 
de cette instabilité
.

Prenons par exemple k = 3,2 . Traçons la toile d'araignée correspondante . 
Nous découvrirons que cette fois-ci la spirale dirigée vers l'extérieur , ralentit et finit par converger vers une boucle carrée . 
En effet la valeur de xt oscille alternativement entre deux 
réels distincts

Nous dirons que notre système est rentré dans un régime périodique dont le cycle est de période 2 pour k = 3,2

A l'aide de Maple V / Release 4 nous trouvons ce cycle de période 2 .
Nous avons donc fixé k à 3,2 et à partir de la valeur initiale 0,5 , 7 itérations de f ont permis de découvrir les deux nombres , à 5 chiffres après la virgule , vers lesquels converge le système alternativement . 
Il s'agit des nombres suivants :

0,79944

et

0,51307

Le curseur étant sur k= 3,2 , le cycle de période 2 est l'attracteur du système .

Maple étant un logiciel canadien , la virgule est ici représentée par un point .

Il faudra noter également la partie ci-dessous indiquée en caractères rouges qui est le programme ayant servi aux calculs .

> n:=10:
> k:=3.2:
> x:=1/2:
> for i from 1 to n do
> x:=k*x*(1-x):
> Digits:=5:
> evalf(x);
> od;

x := .8000000000


Digits := 5


.80000


x := .51200


Digits := 5


.51200


x := .79954


Digits := 5


.79954


x := .51288


Digits := 5


.51288


x := .79946


Digits := 5


.79946


x := .51304


Digits := 5


.51304


x := .79944


Digits := 5


.79944


x := .51307


Digits := 5


.51307


x := .79944


Digits := 5


.79944


x := .51307


Digits := 5


.51307

 

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